J’ai souvent lu, à propos de ce livre « soit on l’adore, soit on le déteste »…
Je viens donc déroger à cette règle car c’est mitigée que je ressors de cette lecture particulière s’il en est.
On suit la quête de Kafka Tamura, quinze ans, qui s’enfuit de chez lui pour échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui.
D’un autre côté, nous suivons le parcours de Nakata, vieil homme devenu simplet suite à un accident et dont le destin l’entraînera vers Kafka.
C’est indéniable, l’écriture est superbe. Poétique. Les métaphores sont belles. On ne s’ennuie pas pendant les 635 pages qui font ce roman.
J’ai été absorbée par l’histoire. J’ai été conquise par le style de l’auteur.
Les histoires et l’alternance des 2 quêtes dynamysent le récit. Les personnages secondaires sont tout aussi attachants que Kafka et Nakata. Oshima, le réceptionniste d’une bibliothèque qui prend Kafka sous son aile, Mlle Saeki, avec son passé, et ses démons à affronter et Hoshino, ce chauffeur poids lourd, pas très intelligent qui s’attache à Nakata, l’aide dans son parcours et qui arrive à nous faire souvent sourire…
Autant de personnes qui aideront nos héros dans leurs quêtes, leurs questionnements, mais qui nous, ne nous ont pas aidé à démêler le vrai du rêve…
J’ai aussi, et surtout adoré que le « Bizarre » ne le soit pas, que l’on trouve on ne peut plus normal que Nakata puisse parler au chat et que des poissons tombent du ciel. On passe du rêve à la réalité sans vraiment savoir où commence l’un et où s’arrête l’autre.
Alors pourquoi suis-je partagée après cette lecture ? Malgré la beauté du récit, malgré la quête, passionnante, de ce jeune homme de 15 ans, malgré les métaphores, les sublimes descriptions de paysages, les interrogations que nous nous posons tout au long du livre, je crois que je n’ai pas perçu toute la dimension de ce que j’ai lu.
Je n’ai pas tout compris, je suis ressortie avec des questions, je suis restée sur ma faim, j’aurais aimé avoir des réponses que j’attendais, j’aurais voulu un aboutissement clair à la quête de Kafka. Et je ressors avec un sentiment de frustration.
Il reste en effet beaucoup de mystères et je crois que je ne suis pas arrivée à comprendre toutes les métaphores, tous les rêves, toutes les « délires » de Murakami.
Cela dit, là où, dans un autre contexte, j’aurais posé le livre en me disant que l’auteur avait abusé de substances hallucinogènes, je suis ici admirative de la plume de Murakami qui arrive à mêler moments et images décalées avec des sujets graves comme l’amour (impossible), la mort, la frontière entre la vie et l’absence de vie, la tragédie oedipienne…
Et pour ceux et celles qui l’ont lu, voici, entre autres, les sentiments et questions qui me « hantent » depuis la fin du récit.
Attention, spoilers:
Nakata et Kafka qui ne se rencontrent jamais : j’attendais pourtant cette rencontre depuis le début ! Quelle est la conclusion de la quête de Kafka ? Lui suffisait-il de pardonner à sa mère ? Est elle mlle Saeki ?
Que représente (métaphoriquement) la « chose » sans forme qui sort du corps de Nakata à la fin ?
Que s’est il passé exactement le jour où Nakata est tombé dans le coma ? Et le père de Kafka, cette histoire de chat tué dont il mangeait les cœurs, je ne sais pas, mais je ne comprends pas ce qu’elle apporte exactement dans le récit…
Fin Spoilers.
Retrouvez les avis de mes co-lectrices de LC : Gaya, Melisende, Sollyne, Felina.