Lady Susan est une jeune veuve de 35 ans.
Après avoir semée la discorde chez des amis qui l’hébergeaient, en séduisant le mari d’une part ainsi que le prétendant de la fille d’autre part, Lady Susan se voit contrainte de s’en aller chez son beau-frère à la campagne. Là bas, pour passer le temps, elle décide de séduire le jeune De Courcy, qui nourrissait une certaine animosité envers elle en arrivant, et pour qui sa propre fille a un faible.
Elle ne m’aime pas. Assurément, quand on considère que je me suis donnée quelque peine vraiment pour empêcher mon beau-frère de l’épouser, ce manque de cordialité n’a rien qui surprenne. Pourtant, cela dénote de l’étroitesse d’esprit et une humeur rancunière de me tenir rigueur d’un projet qui a retenu mon attention il y a six ans de cela et n’a en définitive eu aucun succès.
Ce récit épistolaire n'est pas sans rappeler Les liaisons dangereuses que j'avais adoré.
Lady Susan est une mère et femme perfide et sans scrupules qui manipule son monde comme elle l'entend. Elle se moque du qu'en dira t'on, ne pense qu'à son bonheur et à ce qu'elle pourrait tirer des personnes qu'elle côtoie.
C’est à travers sa correspondance avec son amie londonienne, Mme Johnson, que l’on découvre son double jeu et son hypocrisie.
Je n’ai pas pu me retenir de sourire devant la cruauté des propos qu’elles échangent chacune à leur tour. Ces deux femmes sont tout ce qu’il y a de plus détestable (mais c’est pour ça qu’on a du plaisir à les lire )!
Dans ce livre au style incisif, les hommes sont lâches, bêtes ou de simples comptes en banque; les amitiés n'ont que peu d'importance, tout comme le mariage que l'on contracte non pas par amour mais pour ce qu'il peut nous apporter (financièrement).
Lady Susan n'est bien sûr pas du tout attachante, elle est même plutôt insupportable, mais son double jeu et son culot m'ont fait sourire, et j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre ses manipulations, tout comme j'avais adoré suivre celles de la Marquise de Merteuil dans les liaisons dangereuses.
Ma chère Alica, quelle erreur n’avez-vous pas commise en épousant un homme de son âge – juste assez vieux pour être formaliste, pour qu’on ne puisse avoir prise sur lui et pour avoir la goutte - , trop sénile pour être aimable et trop jeune pour mourir.
Certains diront que c’est une de ses moins bonnes œuvres mais pour ma part, n’ayant lu qu’Orgueil et préjugés, je suis loin d’être déçue. J’ai passé un bon moment et je suis contente d’avoir découvert une héroïne aux antipodes d’Elizabeth Bennet (que j’avais adoré).
En bref ? Un très bon moment.
Lady Susan – Jane Austen.
Editions Folio. 116 pages.