Pologne, 1942.
Felix, 10 ans, vit dans un orphelinat où ses parents l’ont caché.
Un jour, il trouve une carotte dans sa soupe. Fait étrange si il en est. Car là bas, on ne trouve jamais de carotte dans sa soupe.
C’est forcément ses parents qui lui ont fait signe. Ils savent que c’est son légume préféré. Ils vont venir le chercher.
Mais ce soir là, ce sont des gens en uniformes qui débarquent à l’orphelinat.
Et qui brulent tous les livres juifs.
« Ces nazis ou je ne sais quoi, ils s’amusent à bruler des livres juifs ? »
Mais ? Mais si ces gens n’aiment pas les livres juifs, ils vont s’en prendre à la librairie de ses parents !
« Il y a un gang de malfrats en liberté dans le pays qui brûlent les livres juifs. Papa et maman où qu’ils soient en Europe, ne se doutent même pas que leurs livres sont en danger. »
Il faut absolument qu’il retourne chez lui les prévenir et cacher les livres, avant que les nazis ne les trouvent…
Et c’est comme ça que Felix part, persuadé que les méchants détestent les livres juifs et non les juifs eux-mêmes.
« Un jour, je me suis évadé d'un orphelinat dans la montagne, sans avoir besoin de faire tout ce qu'on fait dans les histoires d'évasion. Creuser un tunnel. Me déguiser en curé. Fabriquer une corde en nouant des robes de bonnes soeurs bout à bout. Je suis sorti par la grande porte, tout simplement.»
Felix s’enfuit et nous voilà embarqué dans l’épopée de ce garçon qui, chemin faisant, va sauver Zelda, une petite fille de 6 ans dont les parents sont morts, et avec qui il va traverser un petit bout de la Pologne occupée.
Nous suivons donc les aventures de ce garçon qui déborde d’humour et d’imagination.
Et si les histoires qu'il raconte et qu'il se raconte montrent, au début, sa naïveté d'enfant, on assiste tout au long du livre, à la mort de son enfance…
« Regardez ça. La rivière a viré au rouge. C’est un peu bizarre, d’ailleurs, car le coucher de soleil est toujours jaune.
L’eau est tellement rouge qu’on dirait presque du sang. Mais même en tirant tous ces coups de feu, les chasseurs ne peuvent pas avoir tué autant de lapins.
Si ?
Non, c’est sans doute une illusion d’optique. »
On assiste à la mort de son enfance, à la fin de l’innocence qu’il aurait du garder à son âge …
Car Felix évolue et grandit en comprenant ce qu'il se passe autour de lui au fur et à mesure qu’il découvre un monde en guerre, avec ses morts, ses humiliations, ses cachettes, ses trains, la peur et la faim.
« Les habitants ne sont vraiment pas aimables. Beaucoup se tiennent sur les trottoirs et nous crient des méchancetés quand nous passons.
Sales juifs.
Ce genre de choses.
Evidemment que nous sommes sales ! Nous avons marché presque toute une journée sous la pluie »
Des découvertes qui le feront grandir bien vite mais qui ne l'empêcheront pas de rester optimiste et drôle.
Car c’est incontestablement le point fort de ce livre qui n’est pas sans rappeler le film « la vie est belle » : son optimisme.
Felix garde la foi, l’espoir et son imagination. Pour Zelda. Pour lui. Et pour les personnes qu’ils vont croiser et qui vont prendre des risques pour eux.
« Mais c’est très gentil quand même. Zelda n’a peut-être que six ans, mais elle a la générosité d’une grande de dix ans. »
J’ai aimé l’écriture du point de vue de Felix.
J’ai ri à ses histoires et à sa naïveté.
J’ai eu le cœur serré en le voyant comprendre.
J’ai eu les larmes aux yeux devant les atrocités dont il est témoin.
J’ai été attendri devant son envie de protéger Zelda.
J’ai adoré cette dernière et ses « t’es bête ou quoi ? » à chaque fin de phrase.
J’ai stressé pour nos deux amis.
J’ai apprécié que ce livre soit tout en nuance.
J’ai aimé qu’il se démarque de ce qu’on a l’habitude de lire sur cette période de l’histoire.
En bref, j’ai adoré ce livre qui ne tombe jamais dans le pathos et qui nous fait passer des rires aux larmes en l’espace d’un paragraphe.
Un coup de cœur que je vous recommande.
Je vous invite à lire l’avis de Somoja grâce à qui j’ai découvert ce livre.
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