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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 00:00

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En 1939, l’Union Soviétique envahit les trois Etats baltes : la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie. Peu de temps après, le Kremlin établit une liste de personnes jugées antisoviétiques et condamnées à être assassinées, envoyées en prison ou déportées en Sibérie pour y être réduites en rang d’esclaves. Les médecins et les avocats, les professeurs et les écrivains, les musiciens, les artistes et même les bibliothécaires, les soldats de carrière et les hommes d’affaires étaient tous considérées d’office comme antisoviétiques et furent ajoutés à la liste toujours plus longue des victimes d’un projet d’extermination massive. Les premières déportatiions auront lieu le 14 Juin 1941.
- Extrait de la Note de l’auteur –


Mon dieu, comment vous parler de ce livre ?
Je savais qu’il était triste. C’est bien pour ça que j’ai repoussé sa lecture pendant deux ans. Chaque fois que je le voyais dans ma bibliothèque je le prenais et le reposais.

Finalement je ne sais pas ce qui m’a décidé à l’ouvrir mais je ne le regrette pas.
Je ne suis pas sûre qu’on soit prêt un jour à lire ce genre de livres et de témoignages en réalité.
Même la personne la plus heureuse du monde ne pourrait pas ne pas être touchée et bouleversée par ce livre.

 

Cette lecture a été éprouvante. Intense. Mais tellement belle.
L’histoire de Lina et sa famille déportée de Lituanie vers des camps de travail en Sibérie est terrible, touchante, juste et si réaliste.
Et elle nous renvoie en plein visage tant de choses. 
La cruauté des hommes, la chance qu’on a de manger, de boire, de nous laver, d’être en vie.
 

Je voyais défiler en esprit des assiettes avec des restes de nourriture emportées à la cuisine avant d’être soigneusement raclées ; je voyais ces restes jetés à la poubelle. J’entendais Jonas – qu’on avait prié de finir son assiette – protester d’une petite voix : « Mais, Mère, je n’ai pas faim. ». Pas faim. Quand avions-nous pu jamais éprouver pareille sensation ?

Je n’ai cessé de m’interroger tout au long de ma lecture ou quand mon esprit n’était pas occupé à autre chose.
J’ai tourné dans mon lit pendant longtemps avant de m’endormir, essayant de changer le cours de mes idées mais en ne cessant de m’interroger…

Aurais-je eu envie de me battre ?

Je fermai la porte des toilettes et entrevis mon visage dans la glace. Je n'avais pas la moindre idée de la vitesse à laquelle il allait changer, se faner. Si je l'avais seulement pressenti, j'aurais fixé avec attention mon image, j'aurais essayé de la mémoriser. C'était la dernière fois que je pouvais me regarder dans un véritable miroir; je n'en aurais plus jamais l'occasion avant une décennie, et même plus.


Comment des personnes ont-elles pu vivre plus de 10 ans dans des conditions pareilles ?

Dix ans ! Se rend-on même compte du temps que ça signifie ? J’en ai froid dans le dos.
Et les conditions de vie. Mon dieu les conditions de vie de ces déportés. 
Ses trains, ses camps, la saleté, les poux, la maladie, le froid et la faim…


Je crois que je me serais suicidée.
 

Je ne trouve pas mes mots pour vous parler de ce livre et de tout ce à quoi il m’a fait songer.

- Comment peuvent-ils décider que nous sommes des animaux ? Ils ne nous connaissent même pas.
- Nous nous connaissons, répondit Mère. Ils se trompent. Ne leur permets jamais, Lina, de te convaincre du contraire. Comprends-tu ?


Il m’a chamboulée comme peu de livres avant, et pourtant, j’ai lu beaucoup de livres sur la seconde guerre mondiale.
Mais là, il y a autre chose. Tant d’autres choses.

Le contexte, pour commencer, à la fois différent et pourtant si semblable.
Je crois que c’est le premier livre que je lis sur ce qu’à fait subir Staline à des millions de personnes, à ces supposés « opposants »  et aux intellectuels de ces pays de l’Est qui ne savaient même pas pourquoi ils étaient déportés.

L’écriture ensuite. Si simple, si belle, si percutante et si touchante. 

- Andrius, commençai-je soudain, j’ai… j’ai peur !
Il s’arrêta net et se tourna vers moi.
- Non, Lina. N’aie pas peur. Tu ne dois rien leur donner, même pas ta peur.


Et bien sûr, la voix de Lina, ses dessins, ses espoirs, sa haine, les brides de souvenirs de son passé que l’on retrouve en italique dans le texte et son talent. Sa mère, si juste et si intelligente, Jonas, son petit frère si généreux, le Chauve qui incarne le défaitisme, l’homme à la montre, si sage, et bien sûr Andrius, source d’espoir.

Qu’aurais-je fait ?

Alors oui, vous allez peut-être un peu pleurer et vous aurez, c’est une certitude, la gorge nouée tout au long de votre lecture, mais quelle claque ! Quel témoignage ! Quel leçon !
 

- Elena, pouvez-vous me passer le talc, s’il vous plaît ? dit Mme Rimas tout en s’essuyant le derrière avec une feuille d’arbre.
Le spectacle que nous offrions ainsi était si ridicule que nous éclatâmes de rire. On riait vraiment. Mère riait même si fort que ses boucles s’échappèrent du mouchoir qu’elle avait noué autour de ses cheveux.
- Notre sens de l’humour, déclara Mère dont les yeux étaient mouillés de larmes. Ils ne peuvent pas nous le prendre, n’est-ce pas ?

 

Ce livre devrait être obligatoire au collège ou au lycée.
Pour ne pas oublier. Pour apprendre à relativiser aussi. 
Parce que c’est un livre coup de poing qui me marquera longtemps.
Parce qu’il est beau. Et juste. Et tellement prenant. Et qu’il nous envahit d’émotions.
Parce qu’on se souvient, qu’on apprend, qu’on pleure, qu’on maudit, qu’on a peur, qu’on espère, qu’on condamne.
Parce que je suis sûre que peu de personnes connaissent vraiment cette période de l’histoire, ce qu’on fait les Soviétiques ou les conditions de vie dans ces camps de travail. 
Parce que c’est arrivé il y a 70 ans seulement. 
Et parce qu’on doit savoir et se rappeler, tout simplement.


Etait-il plus difficle de mourir ou de survivre ? J’avais à peine seize ans, j’étais perdue aux confins de la Sibérie, mais je connaissais la réponse. C’était même la seule chose dont je n’avais jamais douté. Je voulais vivre. Je voulais voir mon frère grandir. Je voulais revoir la Lituanie. Je voulais respirer l’odeur du muguet que la brise transportait jusque sous ma fenêtre. Je voulais peindre dehors, dans les près. (…). Il n’y avait que deux issues possibles en Sibérie : ou bien survivre, c’est-à-dire réussir, ou bien mourir, autrement dit échouer. J’avais choisi la vie. J’avais choisi de survivre.

 

Comment peut-on faire ça à un autre être humain ? Et pourquoi ?

 

En 1991, après cinquante ans d’occupation, les trois pays Baltes ont retrouvé leur indépendance et, avec elle, la paix et la dignité. Ils ont préféré l’espoir à la haine et montré au monde qu’une lumière veille toujours au fond de la nuit la plus noire. S’il vous plaît, réfléchissez à cela. Parlez-en autour de vous. Ces trois minuscules nations ont appris au monde qu’il nest pas de plus puissante arme que l’amour. Quelle que soit la nature de cet amour – qui peut aller jusqu’à pardonner à ses ennemis -, il nous révèle la force miraculeuse de l’esprit humain.
- Extrait de la Note de l’auteur –

 

Je vous invite à lire l'avis de Bladelor qui l'a lu en même temps que moi et qui a été autant touchée.
Et voilà ce qu'en dit Alya qui trouve toujours les mots justes pour parler des livres :"Une très, très belle histoire, terrible et poignante, et qui prend aux tripes. C'est une véritable leçon de vie que nous offre l'héroïne, combative et obstinée de bout en bout. Je l'avoue, j'ai parfois versé ma petite larme. Mais c'est finalement dans les pires moments que transparaît tout ce qu'il y a de plus beau dans l'être humain. Car oui, comme le suggère la couverture, il y a toujours une étincelle d'espoir"

 

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commentaires

K
Bon... va falloir que je le lise alors :)) No choice!
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C
Il est dans ma wish-list depuis sa sortie...Pour avoir déjà lu énormément de récits de rescapés de camps de concentration nazis ou bien du goulag soviétique, je sais à quel point ce genre<br /> d'histoires peut être une claque. Quand on pense que les camps de travail existent toujours en Russie (et aussi en Chine)...
Répondre
B
Comme je l'avais dit sur FB, j'ai acheté ce livre et il n'est pas resté longtemps dans ma PAL. Je l'ai fini hier et c'est un coup de cœur. Une lecture dure mais touchante à la fois. :)
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C
<br /> <br /> Je suis contente de savoir que tu as autant aimé que moi, je lirai ton billet...<br /> <br /> <br /> <br />
S
Merci pour la proposition de le faire voyager, mais si je trouve le courage de le lire, je préfère l'acheter car je sais que je voudrais le garder dans ma bibli !
Répondre
C
<br /> <br /> JE comprends...<br /> <br /> <br /> <br />
C
Merci pour cette belle piste de lecture que tu me donnes et pour ce billet tout en émotions et intense!
Répondre
C
<br /> <br /> Un livre que je te conseille fortement !!<br /> Je vais le faire voyager si tu veux...  <br /> <br /> <br /> <br />

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